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Petite flamme deviendra grande ?

Les «émergents» seront entourés d’artistes confirmés comme le duo Aliose, Olivier Daguerre, Alex Finkin ou encore Pascal Bagnara.  | L. Barthelemy

Caux
La Saison Culturelle de Montreux annonce les neuf nouveaux talents sélectionnés pour les prochaines Émergences musicales. Au cœur de la démarche: aider ces jeunes dans leur professionnalisation.

Sur les hauts de Montreux, les vocalises résonneront à nouveau entre les quatre murs du Caux Palace. Les Émergences musicales reprendront possession des lieux du 29 novembre au 6 décembre pour une troisième édition. Cette semaine de résidence regroupant artistes naissants à fort potentiel et pointures du milieu doit permettre à 9 émergents sélectionnés parmi 130 candidats de participer à un processus créatif intense.

Lancé en 2023 lors du début du chantier du Centre de Congrès, ce programme tenait presque de l’évidence pour sa cheville ouvrière, Pierre Smets. «Le soutien aux nouveaux talents, c’était quelque chose qui bouillonnait en moi. Il fallait trouver une opportunité d’en faire davantage pour eux et cette fermeture a été l’élément déclencheur.» 

Le directeur de la Saison Culturelle a alors réfléchi à un espace favorable à l’écriture et à la composition. Le Caux Palace, havre de paix à l’écart du foisonnement citadin, était idéal. «Les artistes y passent une semaine quasiment en vase clos. Le travail est dense, mais à la fin des huit jours, ils donnent tout sur scène. C’est du concret, pas de la sculpture sur nuage!» 

Ils seront donc à nouveaux neuf – principalement des Romands – à bénéficier des soutiens de musiciens et chanteurs aguerris: Albert Chinet (Lausanne), Kevin Gret (Le Mont-sur-Lausanne), Maud Paquis (Renens), Lucien Naclerio (Yverdon), Florian Maillard (Bulle), Clara Dietrich (Carouge). Trois sélectionnés viennent d’un peu plus loin: Julia Pertuy (Le Palais – France), Mathias Bressan (Bruxelles) et Charlie-Rose (Québec). «Ces sélections sont toujours un travail d’équilibrisme. Notre priorité reste toutefois d’encourager les talents romands, mais la première écoute du jury se fait de manière totalement neutre», précise Pierre Smets.  

Pas de « star-system »

Les émergents répéteront à Caux entourés d’artistes confirmés comme le duo Aliose, Olivier Daguerre, Alex Finkin ou encore Pascal Bagnara, avant la production finale le samedi 6 décembre devant une salle de près de 400 personnes. 

Ces jeunes arriveront déjà avec un certain bagage. «Il n’y a pas d’amateurs. Tous les candidats sont auteurs-compositeurs, chantent et savent jouer d’un instrument au minimum. On doit aussi sentir chez eux une volonté d’en faire un métier.»

Très loin de la course à la célébrité et à l’individualisme, la formation mise sur l’échange entre participants. «Tout le contraire d’une Star Academy! On ne cherche pas le talent qui va exploser tout de suite, mais bien des artistes qui observent la société et qui souhaitent avant tout toucher leur public», remarque Pierre Smets. La diversité est aussi centrale avec différents styles représentés, allant du hip-hop au slam ou de l’électro au rock. 

Davantage de possibilités

«On n’en fera jamais assez pour les soutenir. Plus on fait de la formation et plus on développe des structures, plus il y aura de probabilités que certains arrivent à faire carrière», ajoute le responsable de l’événement. Raison pour laquelle la Saison Culturelle essaie d’intégrer ses émergents dans un réseau plus large en misant sur le long terme. «On essaie au fil des éditions de tisser un maximum de partenariats de qualité pour prolonger leur expérience avec d’autres possibilités de se produire sur scène.» 

En plus du lien fort avec Astaffort et «Voix du Sud» – les Émergences musicales sont nées du rapprochement avec ces dernières – une collaboration s’instaure par exemple avec Toulouse et sa scène des musiques actuelles, le Metronum, ainsi qu’avec le Festival international de la Chanson de Granby, au Québec. «Un nouveau rapprochement sera encore annoncé dans le courant de la semaine de notre événement cet automne», conclut Pierre Smets.

emergencesmusicales.ch

«3e édition des Émergences musicales Montreux-Riviera», du 29 novembre au 6 décembre, Caux Palace.

 

Marie Jay « Les Émergences ? Une grosse claque artistique ! »

La chanteuse-compositrice-interprète Marie Jay a participé à la première édition des Émergences musicales. À 23 ans, cette artiste lausannoise a au préalable intégré la Gustav Academy. Cette année, elle est montée, entre autres, sur les scènes du Montreux Jazz Festival, des Docks, du Caribana Festival et du Festi’neuch. Elle se produira prochainement au P’tit du Gros (Noirmont, sam 13.09) et à l’Alhambra (Genève, je 25.09). À l’étranger, elle a aussi plusieurs dates parisiennes prévues ces prochains mois. Marie Jay, qu’a représenté Les Émergences musicales au sein de votre parcours ? – Pour moi, c’était vraiment ma première vraie expérience de coécriture. Dans les autres programmes, on est souvent amené à partir de notre propre projet artistique. Aux Émergences, on est bousculé dans nos habitudes d’écriture. On se lève le matin et on a une journée pour faire une chanson avec des gens qu’on n’a jamais connus avant. C’est hyper stimulant! C’est une grosse claque artistiquement parlant. Il y a aussi un sentiment d’appartenance très fort pendant cette semaine qui se ressent aussi après. On suit le parcours des émergents avec qui on a travaillé et certains se retrouvent déjà à faire des superbes scènes à Paris, c’est fou! Lors de cette édition, vous allez donner un concert pour des élèves de la région. – Oui, ce sera un concert suivi d’un espace de discussion avec toutes les questions possibles. Que ce soit sur le show, la gestion de ma carrière, la musique à titre plus général, etc. Ce public est très curieux et peut aussi être très critique. Dans ce cadre, les enfants entendent de la musique qu’ils n’ont pas forcément l’habitude d’écouter. C’est donc un vrai challenge. On a aussi très souvent des questions originales. Ces moments m’invitent parfois à repenser mon métier. Qu’allez-vous leur transmettre ? – Mon but est de leur faire découvrir ce métier, et surtout de le dé-glamouriser. Je ne gagne pas encore totalement ma vie aujourd’hui avec la musique. Pour percer en tant que Suissesse et émergente, c’est un grand défi. On se doit aussi de montrer l’envers du décor, afin de donner plus de valeur au métier artistique auprès de ce jeune public.

Florilège de concerts

Cette année les Émergences musicales proposeront cinq autres concerts, dont une autre création originale d’Alizée Oswald et Xavier Michel. Le duo présentera son nouveau spectacle «Aliose chante Maxime Le Forestier» (sa 29.11, 20h). Accompagnés de cordes, ils délivreront leur lecture des chansons de cet auteur-compositeur francophone majeur de ces 50 dernières années. «On espère aussi sa présence lors de cette soirée rythmée par plusieurs projections sur sa vie», relève Pierre Smets. On notera encore un humoriste qui deviendra chanteur: Vincent Dedienne présentera «Un lendemain soir de gala» (dim 30.11, 18h), un concert d’Agnès Jaoui inspiré de son dernier album «Attendre que le soleil revienne» (mar 2.12, 20h) ainsi que l’unique date en Suisse de l’auteure-compositrice-interprète La Grande Sophie qui puisera dans son journal intime pour réaliser un spectacle mêlant chansons et moments drôles. Enfin, une carte blanche à Anne Sila et Yvan Cassar après le concert des émergents (sam 6.12, 20h).

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